Immunité collective : moins de 6 % de la population aurait été infectée par le coronavirus

Immunité collective : moins de 6 % de la population aurait été infectée par le coronavirus

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© Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images

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Par Clothilde Bru

Publié le

On est loin des 70 %.

On ne présente plus la théorie de l’immunité collective, qui prétend que si un pourcentage significatif de la population a été contaminé par un virus, cela crée une barrière “naturelle” contre ledit virus, qui ne peut alors plus passer d’un individu à l’autre.

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Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les scientifiques estiment que 50 à 70 % des Français devraient avoir été contaminés pour en finir avec le virus. Selon une étude rendue publique ce mardi 21 avril par l’institut Pasteur, on est loin du compte.

Alors qu’on s’apprête à sortir d’une longue période de confinement, il est plus que jamais important de connaître ce pourcentage. C’est tout l’objet des tests sérologiques massifs que l’État assure vouloir pratiquer dès le 11 mai, date à laquelle la France devrait commencer à se remettre en activité.

Seulement, selon les estimations de l’institut Pasteur, seulement 5,7 % des Français, soit 3,7 millions d’individus, auraient été infectés et donc potentiellement immunisés par le coronavirus. C’est très loin d’être suffisant pour être protégés. De quoi redouter la fameuse deuxième vague de l’épidémie si toutes les mesures de confinement venaient à être levées.

Encore des incertitudes

“Pour que l’immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70 % de personnes immunisées. On est très en dessous”, explique l’auteur principal de cette étude, le chercheur en épidémiologie Simon Cauchemez, cité par Le Figaro. Ce pourcentage très bas révèle la réussite du confinement qui avait pour but d’empêcher que tout le monde soit malade en même temps.

Réalisée par l’institut Pasteur en collaboration avec l’agence sanitaire Santé publique France et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’étude se base sur des modélisations mathématiques et statistiques.“L’intervalle d’incertitude est important, entre 3 et 10 %”, précise Simon Cauchemez.

“Que ce soit 6 %, 10 % ou même 20 %, ça ne change pas vraiment la nature du problème, qui est que, dans tous les cas, on sera très loin des 70 % dont on aurait besoin pour pouvoir faire une sortie du confinement sans problème”, temporise le chercheur.

Il faut aussi rappeler que cette barrière contre l’épidémie est de plus en plus questionnée. Plus les semaines passent, moins les chercheurs sont sûrs de pouvoir se reposer sur cette immunité collective. On n’est pas certains que tous les patients atteints du Covid-19 développent des anticorps, ni combien de temps ils sont efficaces.

En Corée du Sud, par exemple, plusieurs malades semblent avoir fait des rechutes sans qu’on puisse déterminer si c’est le test de dépistage qui était faux ou si c’est le virus qui s’est réveillé.